Après Orosei, nous nous sommes arrêtés à Orgosolo, une petite ville perchée dans la montagne, qui ne présente pas vraiment un intérêt particulier, si ce n’est sa collection de peinture murales (pour ne pas dire graffitis). La plupart de ces peintures (on en compte environ 400 dans la ville) sont l’oeuvre d’artistes politiquement à gauche et dénoncent les injustices sociales, les conditions de travails dans les usines, ou les guerres.
Nous quittons Orgosolo et nous dirigeons vers Bosa, en passant par Gavoi et le nuraghe Orolo.
La ville de Bosa est une commune d’environ 8000 habitants. Très riche en histoire, elle vaut la peine qu’on s’y arrête ne serait-ce que quelques heures. En plus de ses magnifiques plages et de ses rangées de maisons colorées qui forment des guirlandes à flanc de montagnes, la visite d’un petit musée très intéressant est à voir. Le museo delle Conce (musée de la tannerie) est bâti en plein sur le site d’une ancienne tannerie. Le plancher vitré permet d’ailleurs de voir les réservoirs en pierre, servant à contenir l’eau nécessaire au rinçage des peaux, situés au sous-sol du bâtiment.
Le fleuve Temo à Bosa dans l’ouest de la Sardaigne Les rives de Bosa Les maisons colorées de Bosa
Il s’agit du seul musée en Italie qui raconte le rude quotidien des tanneurs de l’époque (18-19e siècle). On comprend rapidement que les conditions de travail étaient déplorables, tout comme les effets sur la santé des travailleurs. La ville de Bosa avait la réputation peu enviable d’être répugnante, la ville qui pue disait-on.
La peau des cadavres d’animaux était d’abord “nettoyées” à l’aide de produits hautement toxiques pour en retirer les poils, et pour retirer ces produits, rien de mieux que des excréments de chiens… bref, un poste dont la description de tâches n’avait rien de plaisant. De plus, vous l’aurez compris, le processus n’avait absolument rien d’écologique, entre autres des tonnes de litres d’eau utilisées, contaminée puis déversées dans le fleuve menant à la mer. Et malheureusement, la guide nous confiait que l’industrie du cuir d’aujourd’hui fait toujours piètre figure du point de vue environnemental.
La dernière tannerie de Bosa ferma ses portes en 1962 pour laisser sa place au musée inauguré en 2011. Celui-ci comporte 2 étages très bien aménagées où on retrouve des meubles et des outils légués au musée par les habitants de la ville et ayant vraiment servis. On en a d’ailleurs la preuve en regardant les nombreuses photographies sur les murs. Quelle chance que le propriétaire de la tannerie ait aussi été photographe amateur!
Museo delle Conce Les anciennes tanneries de Bosa
Avec l’achat du billet pour le musée, on pouvait également visiter une maison patrimoniale bourgeoise, meublée et décorée telle que laissée par les derniers propriétaires, la famille Deriu. Malgré les traces du temps, tout est resté intacte, des plafonds ornés de caissons remplis de fines volutes dorées peintes à la main, aux sols garnis de carreaux de céramique confectionnés sur mesure. À chaque pièce son motif évidemment!
La guide, qui avait réponse à toutes nos questions, nous a dit que cette propriété (palazzo) témoignait de la noblesse sarde d’autrefois alors que le musée de la tannerie représentait plutôt la grande pauvreté dans laquelle vivait une bonne partie des habitants de la ville.
Une autre attraction de Bosa est le château médiéval. Cette forteresse aurait été construite par une riche famille toscane, les Malaspina, arrivée sur l’île au milieu du 11e siècle. Durant la visite, on peut admirer la ville du haut des remparts menant à la tour malheureusement fermée lors de notre passage.
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